Le lévirat
Pour jouir de la vision du Trône de gloire, la néshamah a besoin d’avoir un vêtement :
elle se revêt de rouah’ comme on l’a vu plus haut à propos de la lumière « ner ».
En effet la néshamah qui circule ou qui se promène en certaines occasions veut déjà jouir des délices du « Gan E’den ».
Là elle rencontre l’âme rouah’ d’un prosélyte.
Elle s’en revêt aussitôt, car cette âme est « parfumée » et permet de jouir pleinement de la splendeur de ce Paradis.
La néshamah s’en revêt aussi comme d’une armure pour se prémunir contre les essences impures.
Elle redescend avec ce vêtement dans son enveloppe terrestre et s’affiche avec lui car il attire le bien.
La néshamah profite ainsi de son vêtement « prosélyte ».
Dans le cas d’un lévirat, l’âme rouah’ du Rédempteur (frère ou père du défunt) vient couvrir la néshamah nue du défunt. L’âme du défunt est en effet nue, car ayant péché en ne procréant pas, elle ne s’est pas repentie.
Ses différents aspects vont errer chacun en son lieu. Mais le Rédempteur peut avoir revêtu l’âme d’un prosélyte.
En attendant la reconstruction de l’âme du défunt, c’est à dire un engendrement,
le Rédempteur quitte le vêtement du prosélyte.
Quand cela est réalisé, l’âme du défunt reconstruite revient alors au Réservoir,
dans l’attente de la résurrection des corps. Et le rédempteur récupère son vêtement prosélyte.
Celui qui refuse de procréer quitte son univers, c’est à dire « l’univers du masculin » (configuration séfirotique regroupant six séphirot ou partsouf appelé « tséi’r anpin », petit visage ou l’Impatient).
Ne dominant plus le féminin, il rejoint ainsi « l’univers du féminin » (configuration de la séfira malkhout ou Royaume, appelée aussi « nouqvah »), où il est permis de ne pas procréer.
Par substitution, sa femme devient sa mère et le rédempteur récupère sa place dans l’univers du masculin.
Par la même substitution, il devient aussi son père : après avoir été déraciné, l’arbre est ainsi « renversé ».
S’il n’y a pas de rédempteur, si l’âme du défunt a transmigré six fois, après être passée entre les mains de Métatron,
préposé à l’enseignement, et si le refus de réparer persiste, l’âme bascule de l’Autre Côté,
car il y a à la fois séparation du masculin et du féminin et refus de réparer.
Au Jubilé, l’âme est libérée de l’Autre Côté et recommence une nouvelle transmigration.
S’il y a repentir, la progéniture est du côté féminin (malkhout).
Si à la résurrection des corps, il n’y a pas eu de réparation, l’âme est retranchée. Elle disparaît !
Evolution des notions de transmigrationLes idées quant à la transmigration des âmes se développent au 15ème siècle et trouvent leur aboutissement dans l’enseignement de Louria.
Hayim Vital en est l’interprète dans son livre « Shaa’ré gilgoulim », véritable anatomie de l’âme.
La théorie de Louria sur les âmes découle naturellement de celle sur l’Arbre de Vie (é’ts h’ayim) expliquée par le double mouvement de rétraction et d’émanation du divin, appelé « tsimtsoum »,
et par la brisure des vases (shévirat hakélim) et leur restauration (tiqoun).
Le but de la création est de restaurer l’Adam qadmon ou primordial.
Adam qadmon est la source des âmes dans le monde.
Adam aurait un nombre limité de « grandes racines » d’âmes, soit 613 membres, correspondant à celui des commandements, qui prennent ici une signification particulière.
Chaque grande racine se subdivise successivement en petites racines (613 ou six cent mille grandes âmes)
puis en six cent mille étincelles, qui seraient les âmes individuelles.
Selon cette structure généalogique, toute âme peut appartenir à plusieurs familles,
ce qui expliquerait les rencontres heureuses et fortuites.
Le Zohar ne prévoyait que des rencontres d’âmes soeurs pour reconstituer les paires androgynes.
La théorie de Louria, développée ultérieurement, étend ces rencontres d’étincelles à tous les composants de la nature, parents, amis ou lieux et paysages qu’on aime,
voire animaux domestiques ou objets familiers auxquels on s’attache plus qu’à d’autres.
Selon cette théorie il faut élever toutes ces étincelles après les avoir libérées de l’emprise des écorces du mal.
Ce travail est réalisé par chaque individu ou par un groupe d’individus.
Une fois qu’on a libéré toutes les étincelles de lumière prisonnières des « écorces » et qu’on a élevé les âmes progressivement de « néfesh », niveau le plus animal et le plus instinctif de l’âme,
à « yéh’idah », niveau le plus parfait, le plus unitaire de l’âme, on aura reconstitué l’Adam qadmon ou primordial.
Cet Adam restauré serait alors la figure du Messie !
Cette élévation se fait à travers cinq mondes (depuis celui de la fabrication jusqu’à celui de l’Adam qadmon, en passant par la formation, la création et l’émanation), à travers cinq agencements particuliers des attributs divins appelés partsoufim : le plus bas est « nouqva » correspondant à Malkhout, puis le microprosope, « tséi’r anpin »,
correspondant aux six séfirot suivantes, suivi de « ima » et « aba », les séfirot supérieures Binah et H’okhmah,
elles-mêmes suivies du macroprosope « arikh » anpin ou longanime, correspondant à la séfira Kéter.
Ainsi les étincelles libérées et rassemblées sont progressivement élevées en âmes de plus en plus parfaites,
selon 125 niveaux (cinq puissance trois).
Mais l’âme d’un défunt ne peut se perfectionner là où elle est, quelle que soit sa demeure au gan E’den.
Il faut qu’elle transmigre sur terre pour le faire ou aider à le faire, à travers l’accomplissement des commandements.
Cet accomplissement terrestre est l’image de la restauration des 613 limbes de l’Adam primordial.
Ainsi la transmigration n’est plus un châtiment mais une opportunité offerte soit de se racheter, en se réincarnant autant de fois que nécessaire, soit d’aider les plus faibles ou les plus imprégnés par les écorces du mal à s’élever par la pratique des commandements, l’étude et la prière.
Selon Hayim Vital, on peut transmigrer à travers tous les éléments de l’univers,
qu’ils soient d’ordre animal, végétal ou minéral.
Ainsi un violeur migre dans un animal d’abord, pour maîtriser son âme de base, néfesh ;
un assassin migre dans un rocher afin d’éprouver le « désir minimal ».
Par la prière on peut aider l’âme d’un défunt afin qu’elle puisse supporter l’épreuve de la géhenne
ou à élever sa demeure dans le paradis.
A l’inverse l’âme d’un défunt peut aider un vivant dans certaines circonstances difficiles,
en le conseillant dans un rêve ou une vision, comme on l’a vu plus haut.
Jusqu’ici la transmigration concernait seulement une âme dans un nouveau corps à naître.
Le « i’bour » est une superposition d’âmes dans le même corps ou « engrossement ».
L’âme d’un défunt peut aussi s’incarner dans un être déjà vivant, pendant un certain temps, pour l’aider à s’élever,
d’un niveau bas où il serait tombé, ou pour lui faire franchir une dernière étape dans le perfectionnement,
et lui éviter une transmigration de plus.
Par contre le « dibouk » est une incarnation d’une âme frustrée, à qui un tort a été causé pendant
son parcours terrestre sans réparation, et qui s’attaque à tout vivant.
Son départ peut être négocié ou, à défaut, il peut être extirpé par un exorcisme.
Soulageant la détresse de la mort d’un jeune enfant,
cette théorie
que son âme aurait péché dans une vie précédente.
L’âme est alors arrachée et emportée par Lilith.
Après la venue du Messie et au Jugement dernier, la résurrection des corps aura lieu avec la même âme qu’avant la mort, mais avec son niveau de perfectionnement, après les différentes transmigrations.
Elle peut continuer à se parfaire lors de la résurrection générale, dans un monde spirituel libéré de la mort et du mal.
L'âme humaine selon le RamhalSelon le Ramhal, dans son Derek HaShem (La voie de Dieu).
Ce court texte traite également dans une moindre mesure du sommeil et des rêves, sur l'âme humaine et ses facultés
1. Parmi toutes les créatures, la spécificité de l'homme réside dans la synthèse de deux éléments
diamétralement opposés: le corps et l'âme.
Il est un aspect de l'âme qui existe aussi chez le genre animal, il s'agit de la partie sensitive et de la partie
«intellectuelle» innée à sa nature.
Cependant, cette âme propre à l'animal, correspond à une réalité très subtile,
transmise par la semence lors de la conception et qui à son tour,
se répand et participe au développement du corps, conformément à son espèce.
Lorsque cette créature atteint sa maturité, la semence continue à agir,
constituant la source de la partie sensitive et «intellectuelle».
Or, il existe une grande différence quant à la partie intellectuelle d'une espèce animale à l'autre;
ainsi la partie intellectuelle, chez l'homme, diffère-t-elle fondamentalement de celle de l'ensemble de tous les animaux.
Les facultés procèdent de l'âme selon ses propriétés naturelles et capacités mises à son service,
variant d'une espèce à l'autre.
Chez l'homme, l'âme consiste en plusieurs facultés parmi lesquelles:
l'imagination, la mémoire, l'intellect et la volonté.
Assignée à des limites particulières, chacune d'elles influence, selon sa voie spécifique.
2. Hormis toutes ces facultés, il existe dans l'âme humaine une dimension distincte et suprême ayant la fonction exclusive de relier l'homme aux racines transcendantales auxquelles il doit s'attacher afin que ses actes
engendrent des effets considérables sur les forces supérieures.
De la conséquence de cet acte résulte une influence majeure des mondes suprêmes sur l'âme divine et
de là sur l'âme plutôt animale vers le corps.
Ainsi l'âme dite supérieure dirige l'âme inférieure durant toute l'existence humaine,
lui procurant les fonctions nécessaires, et ceci relativement au degré d'attachement avec les racines suprêmes.
En somme, l'âme divine s'associe à l'âme inférieure (animale) et celle-ci à la partie la plus subtile dans le sang ;
ainsi de cette manière le corps et les deux âmes s'entremêlent en un ensemble homogène.
3. L'âme divine, se trouvant liée au corps par l'âme inférieure (ou animale), reste donc limitée,
ne pouvant participer ou échanger quoi que ce soit avec les êtres distincts et transcendantaux,
ceci durant toute la période de cet attachement - c'est-à-dire pendant toute l'existence de l'homme.
Durant cette période, l'âme divine est affectée par les actes corporels lui permettant soit de s'attacher à la Lumière divine soit de sombrer vers les forces de l'impureté.
La direction prise par l'âme, dépendra essentiellement de sa préparation ou
à la perfection ultime.
L'âme divine influençant l'homme, dirige l'âme inférieure, selon sa préparation,
en lui déterminant les limites des facultés intellectuelles.
Ainsi l'âme divine crée dans cette âme inférieure, les pensées et le désir selon la direction qu'elle entreprend.
4. Or, quoique l'âme soit Une, elle exprime cependant plusieurs facultés différentes.
Nous pouvons dire qu'il s'agit de plusieurs âmes qui s'entrelacent comme des anneaux -l'une dans l'autre,
formant ainsi une chaîne.
De la même manière que la chaîne est constituée de plusieurs anneaux,
ainsi cette âme supérieure (ou divine) dans son ensemble, est composée de plusieurs facultés,
liées l'une à l'autre, la dernière s'intégrant à l'âme inférieure que le sang véhicule.
Néanmoins, certaines parties de cette âme peuvent la quitter pour revenir plus tard.
De même, certains
degrés s'y ajoutent et puis s'évanouissent, sans pour cela laisser une quelconque empreinte sur le corps.
En effet, ce genre d'âmes n'a pas d'influence directe sur le corps.
Elles n'ajoutent et ne dégradent ni la vitalité de l'homme ni ses facultés sensitives.
L'unique fonction de l'âme supérieure est de donner à l'homme la possibilité de retrouver son essence authentique
en lui permettant de s'attacher, selon ses mérites, aux racines suprêmes.
Ce principe inclut aussi le concept «d'âme supplémentaire» survenant à l'entrée du chabbat et disparaissant à sa sortie.
Ni sa venue ni son départ ne sont ressentis par le corps.
L'âme se subdivise en cinq parties:
Nefech (l'âme), Roua'h (souffle), Néchama (l'âme divine), Haya (l'essence vivante), Yêhida (l'essence unique).
5. L'âme divine (Néchama) vit certaines expériences propre à sa nature et quoiqu'elle soit attachée
indirectement au corps par le sang, elle s'identifie néanmoins aux mondes spirituels sans que pour cela
sa relation avec le corps ne vienne compromettre ce rapport avec l'Au-delà.
Cependant, de cette relation, n'émane pratiquement aucun effet sensible sur l'intellect de l'homme ou sur sa pensée, hormis dans certains cas et ceci de manière très faible.
A ce propos, nos maîtres disent: «Même si l'homme ne voit pas, son Mazaf (son humeur) voit» (T.BMéguila 7a).
En effet, une information peut parvenir à cette âme supérieure ne pouvant transmettre à l'intellect et
à la raison qu'une image incomplète.
L'homme, dans ce genre d'expérience ne ressent qu'une faible impression.
6. D'autre part, la Sagesse suprême décida de diviser le temps en deux parties,
l'une réservée aux activités de l'homme, l'autre au repos.
Il s'agit du jour, temps de l'effort, et de la nuit, temps du répit.
Ainsi Dieu a créé en l'homme l'horloge du sommeil lui permettant de reprendre son «souffle»,
marquant un arrêt à ses activités.
Pendant ce moment, leurs forces physiques et spirituelles se renouvellent pour le lendemain.
Lorsque l'homme dort, ses forces sont à l'état de repos, ses facultés sensitives et intellectuelles restent immobiles,
seule la faculté imaginative est en exercice.
Cette dernière imagine et conçoit les choses à partir de ce qu'elle a perçu lors de son moment d'éveil ou
de ce qu'elle reçoit des substances et des fumées qui montent au cerveau,
provenant des hormones «naturelles», ou encore de la nourriture.
Il s'agit du phénomène du rêve qui visite tous les hommes.
Dieu décréta aussi que pendant le sommeil, l'âme supérieure soit détachée de ses liens corporels
ainsi que ses différentes parties, y compris le Roua'h (souffle).
Toutes les parties supérieures de l'âme s'élèveront, s'éloignant du corps;
seul le Néfech restera attaché à l'âme inférieure (ou animale).
Au moment où elles se séparent, ces différentes parties de l'âme supérieure s'envolent vers un espace déterminé pour communiquer avec les êtres spirituels, officiers responsables des phénomènes naturels,
ou bien avec les
qui s'identifient à la prophétie ou bien encore avec les démons.
Le résultat de chaque expérience dépend de plusieurs facteurs chacun d'eux étant lié à une cause spécifique.
Parfois cette âme supérieure transmettra ce qu'elle a perçu,
source
http://www.kabbale.be